samedi 23 février 2008

correspondance cachée

J'étais encore jeune et étudiant, plein de folie, je croyais que pour se découvrir, il fallait aller loin. Faire de l'humanitaire c'était l'accomplissement de toute une vie.
Bref, à l'époque je travaillais sur mon sujet de mémoire universitaire, portant sur l'Afrique. Je passais mes journées à lire des ouvrages, à espérer y trouver des faits intéressants et puis je fonçais chercher dans les bibliographies d'autres titres de livre qui eux-même me permettraient d'avancer dans mon mémoire.... bref de belles journées. Entre quelques lignes lues, je relevais la tête, espérant trouver un joli minois, une femme belle et intelligente, car pour accéder à notre bibliothéque, il fallait au moins un bac plus quatre. Mais rien, deux ou trois chevelus façon d'artagnan, ou deux trois cranes chauves façon Juppé.
Las, d'être assis, j'allais de temps en temps aux toilettes, où justement je trouvai un fait remarquable et des inscriptions fabuleuses. Dans ma quête d'absolu qui me menais vers une issue bouchée, je trouvais le résultat de deux âmes en peine, elles-aussi.
Au stylo bleu, on avait inscrit "boblack cherche femme pour sucer"
En dessus, quelqu'un avait répondu " J'ai testé ta mère, jtla conseille"
Le premier personnage avait du répondre quelque temps après (j'avais reconnu la même écriture).
"va te faire mettre suceur de bite"
suite à celà, un dialogue d'une vingtaine de lignes s'en suivait. Les encres des stylos changeant, l'encre plus ou moins foncée permettant de dater l'antériorité du message, me permettaient de penser que durant des mois, voire plus d'un an, les deux interlocuteurs avaient échangé des messages. Au milieu du mur, le "boblack" avait écrit "bonne année tite bite" son correspondant lui répondant "toi aussi fils de pute"
celui-ci avait inscrit "c mon anniversaire demain, jespere baizé ta mère!".....

Bref un dialogue long s'était échangé, les deux personnages s'écrivant dès qu'ils venaient. Parfois d'autres interféraient dans la conversation " la propreté c'est le vol" avait inscrit un rigolo,à l'aide d'un excrément et un autre écrivit "celui qui lit ça est un con".
Tous ces messages avaient été écrits par des universitaires, de bac plus quatre à plus. Mais revenons à nos deux amis. J'imaginais ces personnages venant lire des ouvrages, mais surtout espérant le message de son meilleur ennemi. Ou encore parfois, si le correspondant mettait du temps à répondre, j'imaginai que l'autre se demandait ce qui s'était passé, se disant "et s'il était mort ?". Je m'imaginai aussi les deux acolytes obligés de continuer leur étude, rien que pour avoir accés à ces toilettes, situées dans une bibliothéque universitaire.












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